QUARK, STRANGENESS AND CHARM (1977) (2024)

Année après année depuis sa création, le vaisseau cosmique HAWKWIND voit son équipage changer du tout au tout. Après le départ de Lemmy Kilmister en 1975, c'est au tour du souffleur Nik Turner de se lancer dans le vide intersidéral après plusieurs années de bons et loyaux services déjantés au sein de l'équipage. Le septième album de HAWKWIND sera donc complètement dépouillé d'instruments à vents (mais est-ce vraiment regrettable?). Un nouveau bassiste fait ici son apparition, Adrian Shaw, lui aussi promis à un passage plus qu'éphémère dans les rangs des Hawklords.

Depuis 1975, HAWKWIND semble devenir la 'chose' de Robert Calvert, récemment catapulté chanteur du groupe après des années passées dans l'ombre de Dave Brock et qui signe ici encore une fois la plupart des textes. Son style vocal emprunte de plus en plus à David BOWIE et, globalement, HAWKWIND commence à flirter franchement avec la new-wave naissante. New-wave? Quoi donc? En 1977? Eh oui, à l'heure des ULTRAVOX et autres MAGAZINE, HAWKWIND semble prendre le train en marche et change progressivement de style. Mais, malgré cet aspect novateur, tout ne change pas fondamentalement sur ce Quark, Strangeness And Charm à la pochette magnifique signée du célèbre studio Hipgnosis (BLACK SABBATH, RAINBOW, LED ZEPPELIN).

Tout d'abord, il y a "Spirit of the Age", devenu un classique du groupe depuis sa sortie, et fréquemment repris par Dave Brock après la mort de Robert Calvert. "Spirit of the Age", à la guitare saccadée et aux samples de code morse, est un titre totalement space-rock: une musique planante, des riffs qui tournent en boucle, une voix aérienne sans pour autant être dénuée de caractère rock. Tout cela, malgré la présence de Calvert, fait quand même penser à du HAWKWIND primitif. Mais le son est toutefois différent, plus clair, moins psychédélique, mieux produit. La suite, en revanche, annonce déjà le changement d'orientation que j'évoquais plus haut: "Damnation Alley", à la rythmique furieuse, semble issu d'un album de rock garage. Mais les arrangements space-rock sont conservés, le titre restant excellent au demeurant.

"Fable of a Failed Race", ballade planante sur laquelle la voix aérienne de Calvert fait des merveilles, ne peut laisser insensible et fait frissonner l'auditeur. Ce n'est en revanche pas le cas du titre éponyme ("Quark, Strangeness And Charm"), titre pop-rock assez étrange qui n'est pas du tout dans la lignée de ce que faisait HAWKWIND quelques années auparavant. Ca se laisse écouter, la sauce ne prend pas trop mais l'on se dit que, quand même, quelque chose cloche. Les rythmiques pop et les claviers clinquants du titre éponyme préfigurent en effet avec quelques années d'avance la production new-wave/synth-pop du début de la décennie 1980. On comprend mieux dès lors pourquoi HAWKWIND jouit d'un statut de groupe pionnier dans de nombreuses chapelles musicales.

Par la suite, "Hassan I Sabbah", aux arrangements orientalisants, aux textes en arabe et à la basse lourde, est à mi-chemin du vieux son du Hawk' du début de la décennie 1970 et des expérimentations toujours de mise. Ce titre très punk est l'une des plus grandes réussites de l'album, tant son ambiance est particulière, à mi-chemin du vieux son space-rock du vaisseau HAWKWIND et du son punk émergeant de derrière les trous noirs. Chose notable: la batterie, qui bénéficie d'une production assez remarquable, se révèle là aussi quelque peu en avance sur son temps.

Les expérimentations continuent avec l'apparition des sonorités electro de "The Forge of Vulcan", que l'on dirait presques sorties d'un album de KRAFTWERK. Mais le rock refait son retour avec "The Days of the Underground", titre étrange mêlant pop et sonorités là encore franchement new-wave. "The Iron Dream", piste instrumentale gothique mâtinée d'electro, clôture l'album sur une note volontairement sinistre, laissant les voies de l'Espace ouvertes pour le Hawk'.

Quark, Strangeness And Charm est un album sensiblement plus réussi que Astounding Sounds, Amazing Sounds, même s'il n'est pas dénué d'un léger manque de cohérence à certains moments. Les chansons sont plus concrètes et, globalement, l'album n'est pas aussi brouillon que le précédent. Malgré le début des expérimentations proto new-wave, ici clairement audibles, on peut noter que le groupe maintient encore sa ligne artistique originelle: HAWKWIND joue toujours du space-rock et nous fait encore surfer sur les branches les plus méconnues de la galaxie. Mais les voies de l'Espace empruntées par le vaisseau HAWKWIND depuis deux ans vont mener l'équipage sur une route plus sinueuse encore, un an plus tard, lorsque le groupe changera provisoirement de nom pour se rebaptiser HAWKLORDS.

Note réelle: 3,5/5.

QUARK, STRANGENESS AND CHARM (1977) (2024)
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Author: The Hon. Margery Christiansen

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